Gablé + The Bewitched Hands

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@ Transclub, Lyon. 2 Avr. 2011
Soirée Aloha From #2.

Un spectacle pour enfants ou un set techno hardcore ascendant Thunderdome ?
Folk, songwriting et chouettes chansonnettes, ou performance bruitiste et théâtrale ?

C'est ce genre de questions que je me suis posé après l'étonnant set de Gablé, ce  Samedi au Transbordeur.

Sur disque, c'est inventif, mélodieux, et très marrant en fait. Il y a toutes sortes de sons sortis de nulle part, qui font bling, bong et tchang, et donnent l'impression que le disque aurait été enregistré dans une cuisine, en utilisant tous les ustensiles. Voilà pour la matière sonore.
Et au delà de ce bric à braque DIY, il y a un vrai talent d'écriture et d'interprétation.
Si Gablé a énormément recourt à l'expérimentation sonore et rythmique, ils ne font pas de la musique expérimentale, genre "écoutez moi ça comme c'est bizarre". Ce sont de véritables petites perles pop, des comptines psychédéliques et autres folk song ténébreuses que Gablé nous assemble dans leur fabuleux atelier. Une musique à la fois pleine de bizarreries, et tout à fait audible, tordue et entrainante, et au final, à la portée de toutes le oreilles. En écoutant Gablé, je ne peux m'empêcher de penser au premier disque des Pink Floyd, l'époque Syd Barett, à Gong période Daevid Allen, …  au rock psychédélique des 70' , la multitude de ses couleurs, de ses ambiances, ses mélodies naïves alliées à des sons délirant, ses voix douces et enfantines suivies d'explosions de violence débridées. Les outils ont évolués, mais l'esprit est le même !

Sur scène, Gablé nous invitent dans leur cour de récréation où l'on invente des histoires avec le premier objet qui nous tombe sous la main, et où une mignonne petite comptine finit souvent, dans une hystérie collective hallucinante !
Nos trois protagonistes sont à la même hauteur, sur le devant la scène.
Il y a Gaëlle, femme-enfant, qui joue du synthé, et fait sonner divers clochettes, pots à confitures et flutes à bec. Elle nous a charmé de sa minuscule voix aigrelette et chantante, qui pourrait être celle d'une petite souris dans un dessin animé pour très jeunes bambins. Sans doute une des meilleurs chansons, petite comptines étrange, servie par des choeurs très bien écrits et chantés !
Il y a a Mathieu, au centre, un beau trapu barbu, qui chante et joue de la guitare sèche. Le coté folk ténébreuse, c'est lui. Impressionnant dans ses postures, il est toujours à fond dans ce qui est en train de se jouer. Son moment de gloire était sans doute sa reprise bien étrange de Elvis Presley, gestes, voix, et masque en carton à l'appui. Un grand moment ! Il semble qu'il s'occupe également d'envoyer les grosses rythmique - bien lourdes et bien contondantes - avec deux boites à rythmes au sol, de la bonne machine qui fait de la synthèse analogique à décoller les baffles, et termine bon nombre de morceaux dans un réjouissant déluge de décibel  !
Et il y a enfin notre troisième compère, Thomas, à gauche; le plus singulier. Il a le regard fou, le sourire parfois inquiétant, servi par une belle rangée de dent trop blanches au milieu d'une toison faciale qui n'a rien à envier à son compère du centre. Je pense pouvoir dire qu'il est acteur, chanteur, et percussionniste. Ca doit être ça. Je ne sais pas pourquoi, son jeu de scène m'a fait entrer dans un dessin animé, un peu flippant, et à la fois tout à fait enfantin. Ce sont des crises de colère et de furie qu'il nous pique à intervalles régulier, ce qui faisait bien rire les enfants dans la salle !
Quand il ne chante pas, il s'occupe principalement des percussions (caisse claire, cymbales, et autre éléments de batterie éparses), ainsi que des bruits que peut faire une cagette lorsqu'on la réduit soigneusement en miettes devant un micro … oui, à la fin du set, la scène était jonchée de bon nombre de choses tout à fait hétéroclites, et plus ou moins entières !

Alors voilà, je fait comment, moi, pour vous dire ce qu'est Gablé, et vous donner un nom à ce qu'il font ?

Leur live est assez différent de ce que l'on peut entendre sur leur disque. Beaucoup plus puissants, certaines chansons s'allongent, s'emballent, et atteignent un degré de sauvagerie tout à fait absent de leurs enregistrements. Pour le reste, l'esprit est là, celui d'un dessin animé déglingué, peuplé de toutes sortes de créatures étranges … le seul regret que j'ai eu, c'est de ne pas avoir eu droit à des textes en français, puisque les Gablé sont normands, et que j'aurais aimé mieux comprendre toutes leurs petites comptines. Mais ça ne m'a pas empêché de passer une très bonne soirée, en inventant mes propres histoires pour accompagner leurs grimaces :) Sans aucun doute, un groupe à écouter et surtout, à aller voir !


Les liens :
le Myspace, attention, plein de dates à venir !
http://www.myspace.com/gableacute

Leur superbe site. Vous pouvez y télécharger gratis leurs 5 premiers disques !!!
http://www.gableboulga.com


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Ensuite, il y avait The Bewitched Hands. La tête d'affiche d'un concert finalement plutôt bicéphale.
Je ne connaissais pas du tout, mais dès les premières notes, je connaissais déjà … eh oui ! Dans la famille Arcade Fire, j'aimerais les enfants ! Ils sont six sur scènes et libèrent une énergie familiale, très semblable à ce que j'ai pu voir du grand groupe canadien, pour qui j'avait eu le coup de foudre en novembre dernier à la halle Tony Garnier (Oui, j'avais découvert Arcade Fire ce soir là, vieux motard que j'aimais, non ?).
Alors oui, je le confesse, j'aime quand trois guitares jouent en même temps, j'aime les grands refrains plus-entrainant-tu-meurs.
Tout cela je l'avoue, ça me plait, ça a un petit côté JMJ du rock indé, ça raconte tout les ptits malheurs de la vie sur des airs guillerets, avec une énergie communautaire, et ça fait du bien. Dans de ce genre là, l'expérience ultime que j'ai vécu était les Polyphonic Spree à leurs début : à quinze sur scène, tous en toge blanche genre enfants de choeurs, illuminé, radieux ou irradiés - c'est selon comment on voit la chose- , chantant et tapant du tambourin à tout va, jouez haut-bois résonnez musettes, etc ….
C'est très efficace, peut-être parce que c'est une vieille tradition qui remonte au moins au début du rockn'n roll, de raconter les malheurs de tout-un-chacun sur des airs joyeux ou rageurs. Une tradition qui ne s'est jamais vraiment perdue, qui était même présente dans le punk (à écouter, les multiples reprises d'une de mes préférées du genre, "No Fun" de Iggy Pop).
The Bewitched Hands sont à 200% dans cette énergie là, celle qui fait du bien, celle d'un spectacle qui veut amener à une sorte d'extase que ni un prêcheur évangéliste ni un accro de rock'n roll ne renierait. Etant les deux à la foi (sic), j'ai passé un plutôt bon moment.

Mais il m'a fallut surmonter quelques obstacles pour apprécier le show. N'est pas Arcade Fire qui veut, et ici la ressemblance était pour le moins troublante. Dans le son et l'harmonie d'abord (ça c'est bon), au détour de certaines mélodies ensuite (ça c'est moins bon) et - my god ! - dans les attitudes (ça m'a fait peur). La limite entre l'inspiration et l'imitation était franchie allègrement dans les deux sens tout au long du set, pour le meilleur comme pour le pire.
Ce soir là, avec The Bewitched Hands, la première réaction qui nous soit venue, à mes compagnons de concert et moi, était : "tiens, c'est Arcade Fire en moins bien !"….

Etant le seul à apprécier le genre, je suis allé devant la scène pour m'en prendre malgré tout plein les mirettes et les oreillettes.
La moitié des chansons n'étaient pas si terrible que ça, versaient dans le côté "soupe" de la pop, et me laissait ce sentiment d'une musique bien entrainante, bien jolie, mais un peu bateau.
C'est la difficulté avec ce genre de musique. Si une chanson n'est pas un tube, c'est de la soupe qui donne la mauvaise impression d'avoir été copiée/clonée des dizaines de fois depuis l'invention de la chanson. Ca ne tient souvent pas à grand chose, sans doute à une certaine habileté mélodique. Ajoutez à cela la trop forte ressemblance avec un groupe phare meilleur, il m'a fallut un peu de temps pour entrer dans le spectacle des rémois, et profiter de la bonne dose de tubes imparables servis dans leur set. Joués avec une foi sans limites par des musiciens (presque) tous à fond, certains de leurs hymnes on finit par me gagner ! Parce que de l'énergie, il y en avait, et ça fait partie des qualités que j'apprécie particulièrement devant une scène. C'est finalement pour voir ça que je vais en concert ! - sinon je resterais chez moi à écouter la radio des disques !
Allé, en quelques mots, mon avis sur bewitched hands : un bon groupe de genre, à priori trop influencés par leurs grands frères, mais indéniablement un vrai groupe de scène, qui aime jouer, et qui ne le cache pas. Eh oui, comme Arcade Fire quoi ! Mais qui sait, c'est peut-être après un mystérieux voyage dans la région de Reims, que Win Butler aurait commencé à faire de la musique ? ;)

www.myspace.com/handsbewitched


Matthieu Wagon

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